lundi 19 septembre 2011

Call me stupid






Quand j'arrive dans une boite pour faire un reportage, je tombe assez souvent sur le genre de mec qui me plait."Si vous voulez des photos, j'en ai encore fait plein la semaine dernière. On a des trésors dans nos PC vous savez ? Je peux vous faire un CD ...". Si je suis là pour du rédactionnel, le type je lui passe l'envie de me faire chier en moins de 10 secondes. Mais si c'est pour du corporate, je ne peux pas toujours lui casser les dents pour lui passer l'envie de baver. 
Pour ce type, c'est clair. Si tu t'es levé à 5h30 du mat et que tu as avalé ton café en 1:07, c'est juste pour lui faire coucou dans son trou paumé. Si tu t'es tapé 6 heures de train ou 4 heures de bagnole ou 2 heures de zinc et que tu as sauté dans un taxi qui pue pour arriver dans sa zac de naze avec 15 kilos de matos, c'est juste pour venir chercher ses photos de loser sous-ex prises avec son petit compact qu'il a eu pour la fête des pères. 
Ben ouais ! t'es con ou quoi ?! Même avec tes 20 ans de métier et ton super matos, tu peux pas lutter. Lui, il a l'expertise du secteur et surtout du temps à perdre. Beaucoup de temps à perdre.
"Non mais c'est pas ce que je veux dire" qu'il finit par me faire
Moi aussi j'ai envie de lui dire quelque chose:
"Mais c'est quoi alors ce que tu cherches à dire  tête de noeud ? C'est quoi ton problème exactement ? Faire un BBQ en écoutant RTL tous les dimanches, ça te suffit pas ?"

Frozen Piglet

Tu les aimes mes flashs ?

Ça fait un bail que je trimballe mes vieux Godard (compacts 800 joules). La dernière fois que je m'en suis servi, ils sont tombés en rideau et je n'avais fait que la moitié du conseil d'administration (Oh ça va hein !! On ne peut pas toujours photographier Catherine Deneuve, je te signale ...) Enfin bref, j'avais l'air d'un con avec la lumière en rade.
Du coup, je m'achèterais bien des flashs tout neufs. Des Elinchrom avec un ring flash pour faire de la Mode (c'est con j'en fais pas) et aussi un parapluie de 3m de diamètre comme Karl Lagerfeld. J'en avais un avant d'Elinchrom. Un 1000 joules pas ventilé. Quand je déclenchais trop rapproché, il chauffait tellement que les soudures fondaient. Le matos au top avec le flashmètre dans les choux. C'était le bon temps.

Frozen Piglet

vendredi 16 septembre 2011

Peau de Lapin






À bien y regarder, se faire braquer par 5 ou 6 types qui vous collent des pétards sous le nez, c'est plus fréquent en Libye qu'en rase campagne (française). Surtout en ce moment. Mais moi, je fais jamais les choses comme tout le monde, je dois être un peu snob. Ce jour-là, j'étais en (grand très grand) reportage dans l'Yonne ou un truc comme-ça et avec mon collègue, on cherchait un bled paumé au nom un peu comme dans Grosland genre.
On a décidé de s'arrêter au bord de la route pour consulter la Michelin en lambeaux, vu qu'on est des crevards sans GPS. C'est juste à ce moment-là que 5-6 types sont arrivés dans 2 bagnoles jaillissant le flingue à la main comme dans les films de Steven Seagal (Quoi tu connais pas Steven Seagal et "Piège en Haute Mer" ??!!! Putain t'es naze !).
"Descendez les mains en l'air pour une fouille au corps !" qu'il a dit celui qui avait l'air d'être le chef. Moi j'ai pas discuté, j'ai exécuté. Je discute pas avec un mec qui a un calibre dans la main pointé sur moi.
C'est surtout mon sac Manfrotto qui les a intéressé. Celui où je met les pieds et les parapluies. Des fois qu'il contienne un M16 avec grenade launcher (comme dans Call of Duty 4). Comme ils n'ont rien trouvé, ils avaient l'air très désappointés. Des douaniers c'était. La dernière fois que j'ai parlé à un douanier, c'est quand je me suis fait poissé avec du matos ramené des US. Alors ça laisse des traces. Je me souviens encore du chèque.

"On vous a vu vous arrêter et on a pensé que vous vouliez vous soustraire au contrôle douanier ..." Qu'il m'a fait le chef.
"Ouais ? Si vous voulez, on peut faire une photo souvenir pour L'Yonne Républicaine ..." que je lui ai fait.
"Hein ? De quoi ??"
"Non non rien ..."
Heureusement que j'avais plus les 18 bouteilles de Chablis sans étiquette dans mon coffre !
Depuis, j'ai acheté un GPS chez Darty, un TomTom. Je sais même pas le faire marcher, mais j'ai pris l'écran anti-reflet. Le Top ! Ça fait Bip quand y a des radars. Le vendeur, il m'a regardé bizarre quand je lui ai demandé si ça détectait les barrages douaniers ...

Frozen Piglet


Des bouteilles de Chablis, j'en ai plus, j'ai tout bu. Mais bon. Faut reconnaitre que Madame Piglet m'a bien aidé aussi ... Avec son air de pas y toucher, mine de rien elle écluse.

mercredi 7 septembre 2011

Les Anglais ont débarqué ...

Les sites dit "d'infos" ont beaucoup d'humour. Par exemple quand ils illustrent des articles sur les difficultés du photo-journalisme en pompant des photos sur FlickR, c'est pas de la provocation. Non non ...  C'est de l'humour ! Le second degré, nous les photographes, on est un peu hermétiques. Faut comprendre. Dans l'ensemble on sait à peine lire et on sait pas dessiner. Alors t'imagine le second degré ...  et je parle même pas du troisième. On sait que ça existe, on en a entendu parler, mais on l'a jamais rencontré personnellement ...

















Unhindered by Talent/Flickr/CC

C'est pour ça que quand Rue89 prend cette photo pour illustrer un article sur les règles douloureuses, on explore une nouvelle dimension. D'autres ils auraient pris une tof de fille se tenant le ventre l'air crispé sur Fotolia pour 0,14€. Mais chez Rue89, nan. Chez Rue89, on prend des risques. Le mec, il a tapé règles dans le moteur de recherche de FlickR et hop voilà ce qui est sorti. Ça tombe bien parce que une photo de tampon usagé, ce serait moins hype. Mais en cherchant bien, ça doit exister non ?

Frozen Piglet


C'est deux éléphantes au bord du marigot. Une se jette à l'eau et nage le crawl 
et dit à l'autre:
"viens te baigner ! Elle est super bonne"
"Je peux pas j'ai mes ragnagnas ..."
"Pas grave ! Fais comme moi, mets un mouton !"





mardi 6 septembre 2011

Je biche comme un vieux pou

Cette semaine, j'ai vendu à un des principaux hebdos français des photos pour illustrer un petit sujet magazine. Rien d'extraordinaire, mais juste un petit plaisir au moment où la rentrée s'annonce difficile avec un équilibre fragile et une visibilité quasi nulle. J'ai réussi à négocier un montant de pige qui me semble équitable (1200€). Ma sélection a été acceptée dans son intégralité, ce qui est plutôt flatteur. Mais surtout, le journal a préféré utiliser mes photos, alors qu'il disposait d'images "libres de droits" fournies par des services de presse gratos et ça, ça me fait vraiment plaisir. La personne qui m'a contacté n'a pas arrêter de respirer quand je lui ai dit que j'avais la carte de presse et ça, ça m'a fait doublement plaisir. Tout s'est conclu par internet. Faire travailler un photographe avec la carte de presse est devenu de nos jours presque un acte militant. C'est le signe de gens formés à l'ancienne qui considèrent encore le photojournalisme comme un métier. Ces gens-là sont malheureusement de plus en plus rares. Ils sont peu à peu remplacés par d'autres personnes qui n'ont aucune culture de l'image, dont le seul boulot est de dégoter des photos à n'importe quel prix. À une condition, que ce soit gratuit.

Frozen Piglet

lundi 5 septembre 2011

Balle de Match & Visa








"Japon, Tunisie, Egypte, Libye, Somalie... Paris-Match était sur tous les fronts. La 23e édition de Visa pour l’image prouve que le travail à risque des reporters-photographes est de plus en plus nécessaire" (Extrait du site de Paris-Match)


Patrick Forestier (photographe) sur Face Book
"Je ressens comme un malaise en lisant ça... Paris Match était sur tous les fronts. Ha ? ça veut dire que TOUTE la rédaction s'était déplacée sur le front ? physiquement je veux dire. Ou simplement des photographes indépendants qui ont apporté leur travail au service photo ? Et combien, parmi ceux que cite Paris Match, avait une quelconque garantie ? un assignement ?
Ou Paris Match était sur tous les fronts, parce qu'il restait quelques pages entre la grossesse de Carla Bruni et les avanies de DSK ? Cela même qui remplit aujourd'hui la presse et contre lequel JF Leroy s'insurge... triste paradoxe !
"



Je ne l'aurais pas dit comme-ça et pourtant ...


Frozen Piglet



jeudi 1 septembre 2011

Triple Z

Cette année, j'ai pas tellement vu d'articles sur la mort (ou son agonie, c'est selon ...) du photojournalisme dans la presse. Bizarre. Peut-être qu'ils en ont marre les rédacteurs d'enfiler les clichés comme des perles en nous plantant des couteaux dans le dos et accessoirement de se foutre de notre gueule. Sans compter que les photographes de presse continuent à se faire tuer. On se demande bien pourquoi ... la gloire sans doute. Et puis ça fait toujours un bon sujet pour Paris-Match.


À Rue89, ils ont délégué les étudiants en journalisme de l'ESJ de Montpellier (Ecole supérieure de journalisme. Ya une Ecole inférieure ??)  pour voir un peu ce qui se passait à Visa pour l'image qui attire chaque année plus de monde et de jeunes photographes qui rêvent de faire ce métier. Ben ouais ! Des étudiants, c'est bien suffisant pour un métier sub-claquant et c'est plus moins cher et même plus gratuit (comme-ça, ça leur donne des bonne habitudes). C'est un peu comme les étudiants en médecine qui dissèquent les cadavres des gens qui ont fait don de leur corps à la science. Tu vois ce que je veux dire ou pas ?
Bien entendu "l'article" est illustré par une photo de FlickR prise par un mec qui dit merci comme un connard à Rue 89 d'utiliser sa photo de ses deux en CC. Mais ça aussi c'est devenu une habitude. N'est-ce pas ?
À l'ESJ de Montpellier, on apprend à faire des titres et les inters.Pas de doute (Et aussi à se servir des "réseaux sociaux" pour pas payer les photos ?).

Fin d'une époque à Sipa Press, fleuron du photojournalisme 
(le titre très inspiré)

(les inters)
Decade décadente pour Sipa (Jeu de mots)
licenciements à la chaîne (On est dans le pathos)
Ferit Duzyol, tête de Turc (Autre jeu de mots)
Plus de photographes freelance à l'avenir (Touche positive. Faut pas vous plaindre)

Le texte qui les accompagne n'a pas vraiment d'intérêt, il laisse vaguement planer le doute selon lequel, si Sipa vire les 2/3 de ses photographes, ils y sont surement pour quelques chose. Nulle part, on ne s'interroge sur la situation de la photo dans la presse et pourquoi, on en est arrivé là. Ça serait bien trop difficile de traiter vraiment le sujet et on a pas de temps à perdre. Faut boucler coco et c'est bientôt l'heure de l'apéro sur le stand Canon !

Des fois, je suis fatigué.

Frozen Piglet

Vous pouvez lire les commentaires de l'article qui sont beaucoup plus instructifs que l'article lui-même.

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