mardi 23 juillet 2013

Sans péridurale

Même si la retouche ne date pas d'hier, le digital a banalisé les manipulations d'images en proposant des outils à la portée de tous les affreux. Dans le milieu de l'art, certains prétendent depuis longtemps "dé-créer" des oeuvres d'artistes reconnus en les travaillant parfois à la lampe à souder (pour les faire avouer sans doute comme la Gestapo). D'autres névropathes préfèrent les prendre pour cible en tentant de les détruire. L'essentiel étant de se situer sur le même plan que l'artiste original en s'appropriant ainsi une parcelle de son éternité.

Dans la photographie, on remarque deux attitudes voisines qui s'apparentent à ce genre de comportement, même symboliquement. La plus courante est de constater qu'un pauvre baltringue qui photographie une "oeuvre" en plan serré dans l'espace public considère qu'en lui offrant de naitre une seconde fois sous une forme digitale, il devient d'une certaine manière l'accoucheur sans péridurale de son double. Il lui arrive donc de se considérer ainsi titulaire de droits imaginaires sur une oeuvre dont il n'est pas l'auteur. On peut citer le cas des maniaques des photographie de street art, de peintures murales, des collages et autres grafittis (avec pour vrais auteurs: Ernest Pignon Ernest, Miss Tic, Bleck le rat, Jerôme Mesnager et plein d'autres ...). La plupart du temps, ces mecs ne font même pas l'effort de situer les oeuvre dans leur environnement sous un prétexte documentaire. Sous couvert d'une pseudo culture urbaine, ils ne pratiquent qu'une accumulation de plans serrés pour se constituer une collection de photos à bon compte et masquer leur nullité en terme de création. Certains de ces presse-boutons de bas étage ont même l'audace de tenter de négocier ce genre d'images par l'intermédiaire des microstocks, ce qui révèle le désert qui les habite. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes qui prennent en photo à leur insu, les clodos dans leur pisse. L'aboutissement de ce comportement de décérébré est de traiter un être humain comme un objet à partir du moment où il est pris en photo. 


Si on se penche encore plus sur la photographie il existe une attitude plus sournoise qui consiste à s'attaquer à des images icônes du photo-journalisme (sans doute parce que elles sont connues de tous), en retranchant ou en ajoutant quelque chose. Là encore, le manipulateur (faut-il le désigner comme un faussaire ou un plagiaire ?) considère qu'il devient en quelque sorte l'auteur délégué d'une oeuvre nouvelle, détachée de l'oeuvre initiale. On est là face à un public un peu plus averti et à des individus qui revendiquent leur statut d'artistes ou de plasticiens et des références culturelles. Si le résultat est le même et ne suscite à mon sens que du mépris, seule cette dernière catégorie peut se retrouver citée dans la rubrique arts et culture d'une site d'information (de seconde zone). Comme ici sur le "Huffpost", pour Pavel Maria Smejkal avec ses images vides. Juste pour rigoler, j'en publie 2 que vous allez identifier les doigts dans le nez, j'en suis sûr. Notez la forme du copyright dans l'image, on y parle "d'illustration" et non pas de photo. Outre cette série cet "artiste" propose d'autres images avec des substitutions de visages sur des photos prises dans des camps pendant la seconde guerre mondiale.
Vivement les vacances et la plage parce que j'en ai vraiment plein le cul !

Frozen Piglet


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Sans rapport avec ton sujet mais bon...

Pour info notre Ministère de Tutelle lance un appel d'offre pour un rapport sur l'état de notre profession.

Voici le lien où cet appel est consultable :

https://www.marches-publics.gouv.fr/?page=entreprise.EntrepriseAdvancedSearch&AllCons&refConsultation=126567&orgAcronyme=f5j


Tu vas bien nous pondre un beau texte sur le sujet, non ?

Bonnes vacances à toi et à Mme Piglet, la sainte femme

FF

JulienM a dit…

"Derivative work" qu'ils appellent ça outre atlantique…

Nicole Fily a dit…

Un article fort intéressant qui me rappelle l'attitude d'une certaine "artiste" :

http://denyslouiscolaux2.skynetblogs.be/archive/2013/05/15/pourquoi-j-ai-supprime-un-de-mes-articles.html

Frozen Piglet a dit…

En effet, j'ai déjà vu ce cas
Un peu incroyable aussi !

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