dimanche 29 novembre 2015

Rue des Martyrs

Vendredi, en me rendant à Objectif Bastille pour claquer des tunes de manière inconsidérée (vu que j'ai encore acheté un nouvel appareil photo hors de prix. On se refait pas), je me suis arrêté devant le Bataclan. Pas par curiosité, puisque je connais les lieux et que je passe devant la salle de spectacle tous les samedis. Mais j'avais besoin de m'y rendre juste un instant, seul de préférence et surtout pas avec un appareil, encore moins avec un putain de téléphone. Globalement, à peu près tous les mecs autour de moi semblaient penser autrement et brandissaient tout ce qui peut produire un semblant d'imagerie numérique. Bien sûr, faut les comprendre, ils connaissent tous une cousine d'un collègue à leur belle-soeur dont une vague relation est passé dans le quartier 2 heures avant le drame. À vrai dire, je m'en fous tellement, car je sais qu'en la matière, la connerie n'a plus aucune limite. En vedette, la désormais fameuse Stratocaster bleu-blanc-rouge posée au milieu des fleurs et des bougies. Elle ne va pas rester longtemps sur le trottoir moi je vous le dis, même si c'est une copie chinoise de merde. J'ai aussi entrevu quelques professionnels relativement assez discrets pour rester dignes et documenter la queue de la comète. Un peu plus loin, en continuant vers Bastille, je suis passé devant l'endroit où début janvier, les fleurs et les messages s'entassaient déjà pour rendre hommage aux dessinateurs assassinés de Charlie Hebdo. Il n'y a plus grand-chose aujourd'hui (Tempus fugit) hormis 2 ou 3 roses blanches flétries par le froid de novembre et cette souillure immonde qui restera à jamais.

FP






vendredi 20 novembre 2015

Les loups sont entrés dans Paris



Toute la semaine,  j'ai pensé à cette chanson de Reggiani. 
Je la partage avec vous et je vous engage à écouter les paroles

FP


Interprète Serge Reggiani
Paroles Albert Vidalie
Musique Louis Bessières

Archive INA

jeudi 19 novembre 2015

MiniMarket


J'ai mis plusieurs jours à reprendre mes esprits après le drame qui restera comme une souillure immonde à jamais dans l'histoire de Paris. Paris est une petite ville et tout le monde a dans ses cercles d'amis, de collègues de travail ou de relations proches, des victimes ou des parents de victimes des attentats qui viennent de se produire. Ce mauvais goût dans la bouche et cette boule au ventre ne me quittent pas depuis que je suis tombé par hasard sur une photo de l'intérieur du Bataclan après l'assaut de la police, publiée sur le net. Mais encore une fois, le problème des images se pose.
Je me souviens très bien du post que j'avais écrit en 2012, à l'époque de l'affaire Merah. En 3 ans, les choses ont bien changé. Aujourd'hui, si l'image fixe revient de plus en plus aux professionnels, comme on l'a vu dans le traitement de l'info à propos des assassinats commis à Paris, la vidéo téléphonique s'impose partout comme l'outil privilégié des opportunistes  qui sont prêts à vendre leur mère et à prendre tous les risques pour monnayer des images qui finiront en boucle sur les chaines d'infos. 
Bien sûr, dans le milieu de l'image journalistique, la raflette a toujours existé. Elle consiste à récupérer des images réalisées par des témoins de circonstance, mais là on constate que la demande crée un véritable marché, organisé sur la loi de l'offre. Un peu comme dans Vidéo-Gag, les mecs sont capables d'aller très loin pour vendre leur petit film de merde contre quelques grosses coupures. Y compris d'ailleurs de s'approprier des vidéos dont ils ne sont pas les auteurs. Il n'y a plus aucune limite, aucune retenue d'aucune sorte, hormis celles de la somme en liquide que peuvent détenir les reporters des chaines d'infos (souvent étrangères, il faut le dire). Quand je pense que certains osent prétendre que les professionnels de l'image font de l'argent sur le malheur des autres. Que dire alors des passants qui filmaient les victimes avec leur téléphone à la terrasse des cafés du 11ème, au lieu de leur porter assistance ? Pendant ce temps, un des photographes professionnels présent au Bataclan publiait "libre de droits" les photos du début du concert en hommage aux victimes. Celui-là, il a toute ma sympathie.

Capture d'écrans LeMonde.fr

Ce post titré "Comme un Lapin" date de  2012

Ce matin dans Libération, on apprend qu'un type de Toulouse (Pierre, un commercial de 29 ans) a vendu en exclusivité des images de l'assaut de l'appartement de Mohamed Merah à Paris-Match. C'est sa femme qui a pris les photos (Ben quoi ? On est jamais assez prudent. Il suffit d'une balle perdue !). Elle a réalisé une centaine de clichés de l'intervention du Raid de sa fenêtre, jusqu'au dénouement final. Elle était bien placée avec son instamatic, pile dans l'axe. C'est un photographe ami du couple qui a joué les intermédiaires dans les négociations avec les acheteurs. 

"Notre ami a fait l'intermédiaire avec les médias. Toute la journée de jeudi, on a fait monter les enchères. Finalement, on a vendu les droits exclusifs à Paris-Match pour 20.000 euros", relate ce père de famille qui se dit "un peu déçu": "je pensais avoir plus" (extrait d'un article de la Dépêche ici).
Travailler toute la journée à faire monter les enchères pour obtenir seulement 20 000 euros à l'arrivée contre quelques photos, on comprend sa déception au mec. La prochaine fois, je suis même pas sûr qu'il se relève la nuit, tellement ça vaut pas le coup ! La vidéo de Mohamed Merah dans sa BM s'est négociée quant à elle, à moins de 10 000 euros. Un petit pourliche.

De leur côté, les vrais photographes ont du mal à réunir 2 000 euros pour partir en Libye au risque de se faire tuer. Ben ouais mais t'es pas au courant ?? Y a la crise de la presse ! T'es con ou quoi ??

Frozen Piglet

Eh bien cette fois-ci, c'est 50 000 euros en liquide pour la video de Casa Nostra, une pizzeria du 11° (2 rue de la Fontaine au Roi). Ça en fait des 4 saisons au black, je te le dis. Mais bon l'essentiel, c'est d'avoir du traffic sur le net hein ? Pas vrai le Daily Mail ?

lundi 9 novembre 2015

Capitalisme Express




Sur la recommandation d'un des visiteurs de mon blog, j'ai visionné ce film hallucinant où Christophe Barbier, le directeur de la rédaction de l'Express (et éditorialiste sur un certain nombre de chaines de télévision), expose sur France Inter, sa vision du "nouveau capitalisme" (désolé pour la pub, ça aussi c'est le capitalisme).
Alors c'est extrêmement simple: Si l'Express ne paye pas et ce de façon systématique: les agences photos, les pigistes, les illustrateurs,(Tout ceci sans compter son loyer et ses imprimeurs), c'est normal, c'est parce que: je cite Christophe Barbier "Aujourd'hui il y'a des bras de fer entre tous les fournisseurs et les payeurs. C'est un grand classique de ce nouveau capitalisme. Chaque chose se négocie à la baïonnette, parce que c'est comme-ça (...). C'est le capitalisme qui répond à l'après crise de 2007-2008 et il y'a des espoirs formidables. Nos contenus vont être valorisés, même si ce n'est plus la même courtoisie qu'avant". 


Sur le compte Tweeter de Christophe Barbier il y a 2h







Résumons-nous. Donc vous commandez un travail à quelqu'un et vous ne le payez pas, volontairement ... Ce type exprime parfaitement bien le fantasme le plus fou des employeurs fous d'aujourd'hui, de demain et de toujours. Transformer tous les salariés en fournisseurs pour les tenir au creux de leur main, comme des objets. Accessoirement, tenir ses engagements et payer les gens qui travaillent pour lui, c'est juste de la courtoisie. Il faut donc dire merci quand ça arrive j'imagine ? Oui oui ! Vous entendez bien les mecs ! Vous ne rêvez pas ! Je me demande s'il dit merci au moins, cette raclure à l'écharpe rouge, quand il reçoit son gros chèque à la fin du mois ?
En fait, je vais vous dire, ça tombe très bien au moment où l'on annonce la Loi Macron 2. Un projet qui institutionnalise le travail précaire avec "le professionnel de proximité" un statut customisé ultralight d'auto-entrepreneur. Moi je dis dommage. Dommage que les gens se résignent au mépris et à l'humiliation sans réagir. Dommage que à de rares exceptions, les intellectuels nous aient abandonné. Dommage que le fils de Christophe Barbier soit photographe (Ah putain ! Le con !). 


Frozen Piglet


L'Express et les magazines du groupe Roularta (L’Expansion, Mieux-Vivre votre argent, Point de vue, Studio Cinélive, L’Etudiant et Lire) ont été rachetés, faut t-il le rappeler, par Patrick Drahi déjà détenteur du quotidien "Libération", du groupe NextRadio (BFM TV et RMC Infos), de SFR-Numéricable. Le rachat du groupe Express s'est traduit par le "départ volontaire" de 115 salariés et le plan de sauvegarde de l'emploi qui arrive, annonce le licenciement de 125 personnes (à Libération, il a supprimé 1/3 des effectifs). Le nouveau venu dans le monde des médias est propriétaire de la chaine d'information israélienne i 24News et il a racheté des opérateurs du téléphone et du câble un peu partout dans le monde. Son groupe est aujourd'hui endetté à hauteur de 48,2 milliards d'euros. Une toute petit paille pour un type qui nous refait le coup des tuyaux et des contenus. C'est Jean-Marie Messier qui doit rigoler.

mercredi 4 novembre 2015

Never Mind the Bollocks

Photo ©Nutscape
















           Si l'on excepte les intellectuels de la photo connectée, les selfies n'intéressent plus grand monde. Même pas ceux qui continuent à en produire machinalement, c'est le cas de le dire. Au delà de quelques déclinaisons pitoyables, le genre peine à se renouveler et il est clairement en voie de ringardisation. Sauf chez les touristes chinois de la classe moyenne qui continuent à se photographier devant la tour Eiffel ou l'Arc de Triomphe, mais chez-eux, c'est culturel. Tout ça pour dire que quand surgit une innovation, une vraie en la matière, il convient de la saluer comme elle se doit. Sans compter que ça donnera un sujet de réflexion à notre André Gunthert national, pour les 5 prochaines années au moins. 
"Nutscapes" est un site qui présente des paysages photographiés d'une façon un peu particulière. Au milieu en haut de toutes les photos, on peut apercevoir une paire de valseuses éclairées par la lumière de l'astre du jour. Alors, c'est au format raw, mais là ça veut juste dire qu'elles ne sont pas épilées. L'ensemble constitue un projet artistique de Clancy Philibrick initié en 2007 semble t-il. J'espère qu'il ne m'en voudra pas si je reproduis ici une de ses oeuvre. Après tout elle en vaut bien d'autres, surtout par les temps qui courent. Il faut noter que l'on peut soumettre sa propre production à Nutscape pour parution. Je dois dire que je me tâte. Ça aurait de la gueule, surtout avec la perpective des Champs-Elysées en enfilade un soir de Noël. Mais je me demande comment on peut appeler cela ? Un selfballs ? Ou un truc comme-ça ?
Voici l'adresse "Nutscape" et ils ont aussi un compte Twitter. Bonne journée !

Frozen Piglet

lundi 2 novembre 2015

Merci Patron











 Ça fait un bail que je ne poste plus vraiment de façon régulière. Pourtant, des posts, j'en ai commencé des dizaines sur des tas de sujets, mais je ne les ai pas finis. À vrai dire, je suis un peu désorienté et surtout fatigué par ce monde inepte dans lequel les amateurs professionnels la ramènent un peu partout. Bof en même temps est-ce que c'est tellement important que l'argent du trafic de dope des banlieues paye les Mercedes E300 noires des chauffeurs de VTC ? Ben ouais ! Tu crois quoi toi ? Que les banques prêtent 100 000 euros à des ex-taulards futurs auto-entrepreneurs ? Il n'y a que les cons de journalistes 2.0 qui croient à la "sharing economy" ou les mecs qui pensent que Macron est un bon ministre. Tout cet argent en liquide, c'est les concessionnaires Mercedes qui doivent se frotter les mains ... Pas comme ceux de chez Volkswagen. Sans compter tout le reste du paquet qui va passer à la lessiveuse et ressortir tout propre. Là on frôle le sublime. Moi je dis ! Ne parlons pas des hôtels ou des restaurants clandestins qui prospèrent sur le terreau de la connerie, avec 20% de commission. La concurrence des "amateurs" ? Une vue de l'esprit des déclinistes et des réactionnaires, ou bien encore des gars qui ont raté le rendez-vous avec l'an 2000. Pas comme-ceux qui passent leur vacances à NYC chez Airbnb.

"Les collectivités territoriales ayant atteint les limites du système pour monter leur photothèque à bon compte via les concours photos ou la collaboration participative, « Terre & Côte Basque », regroupant les communes et offices de tourismes du Pays de Saint-Jean-de-Luz et Hendaye, http://www.terreetcotebasques.com/fr vient de trouver un nouveau filon : un appel d’offre réservé aux amateurs, avec cahier des charges, un budget (2 à 4.000 € ), et bien sûr, une cession de droit illimitée".
Lettre d’information de l’UPP Aquitaine-Charentes du 12 octobre 2015
 
Intéressant !
Sur cet appel d'offre  "réservé aux amateurs" donc, dont le donneur d'ordre serait bien en mal de justifier de quelle manière on peut faire travailler des amateurs sans statut avec de l'argent public (en plus), on remarque que la qualité des photos n'intervient que pour 40% dans le choix du prestataire.Trop cool !
Du coup, même les baltringues en photo (comme-moi) ont leur chance les gars (Ah oui ! Non ! Merde ! Je suis professionnel). Nulle part, il n'est fait mention de charges sociales. C'est bien la première fois que je vois une offre de travail au black sur papier à en-tête officielBon c'est normal en même temps puisqu'il suffit de faire clic-clac avec le numérique. Hein ? On va pas en plus se compliquer la vie quand-même ... 20% sur le critère du prix de la prestation, ça veut dire que si tu es en dessous des 2 000 euros qui est le prix plancher, tu as 20% de chance en plus d'y arriver. Elle est pas belle la vie ? Bon si tu es gratuit comme le "Tour de France de la Photographie", ben t'es sûr de scorer ! Oh la chance ! Le Tour de France de la Photographie, je l'ai découvert il y peu, en feuilletant le rapport annuel de RUNGIS. Mais si RUNGIS ! Le petit marché de quartier ou transite 8,5 milliards d'euros de marchandises chaque année. Le ventre de Paris quoi ! Eh bien, grâce à cette association TFP qui a pour but de faire vivre à ses équipes une "aventure humaine unique", RUNGIS a eu l'occasion d'illustrer son rapport annuel pour pas une tune. Encore mieux que la pays basque et son piment d'espelette ! T'as compris Ducon du pays basque ? T'aurais pu avoir les tofs pour pas un rond avec Tour de France Photo ! J'espère qu'on te prélèveras les 2000 à 4000 euros sur ton salaire triple buse !


De belles photos pour les lieux qui nous accueillent
Les lieux étapes du Tour de France Photo reçoivent les clichés produits dans leurs locaux. Ils peuvent s'en servir comme support de promotion ou pour en faire une exposition.

C'est du tous droits cédés ou je ne m'y connais pas les mecs. Et tu sais que ça flashe 20 types lâchés au milieu des cageots ! En plus y a la télé ! Ces mecs ont des relations ...


Visibilité assurée pour les partenaires et mécènes
Le logo du mécène ou du partenaire est affiché sur le site, dans le générique des montage vidéos ou encore dans le beau-livre. Il est également possible d'apposer des autocollants sur les campings-cars sillonnant l'intégralité de la France pendant 15 jours. Ces derniers seront photographiés par la presse et filmés par les chaînes de télévision.

Des fois je rêve, je rêve du temps ou j'étais un photographe amateur et que j'aimais la photographie.

Frozen Piglet


lundi 28 septembre 2015

Sharing Economy

Après avoir consciencieusement détruit son industrie et son agriculture, la France qui innove de Macron s'attaque aux métiers de service. Vous me direz rien de plus normal pour cette génération de décérébrés sans aucune conscience politique, qui pense que la "sharing économie" au black est un modèle indépassable. Il faut dire à leur décharge que ces régiments de jeunes connards ignorent presque tout du salariat et de son cortège de charges sociales. Même quand il s'agit de payer leurs appareils (de redressement dentaire) avec la sécu de papa, maman. À vrai dire, tout cela ne les intéresse pas, tant ce statut old school est l'incarnation d'un ancien modèle économique dépassé, imaginé par des idiots pour des idiots et défendu par des réactionnaires. Quand on nous disait qu'on allait changer de métier tout au long de notre vie, on imaginait pas que ce serait 10 fois par jour. Quel sentiment de liberté échevelée on éprouve, quand on prend des photos pour un banque d'images le matin, quand on loue sa voiture ou quand on fait le chauffeur l'après-midi, quand on loue son appartement ou qu'on fait la cuisine pour des inconnus le soir ! Surtout qu'il ne soit pas question d'argent entre nous ! On est dans le partage et l'échange ok ? Mais avec 50% de commission quand-même (tiens, ça me rappelle  kekchose ...)  Ben ouais t'es con ou quoi ? Faut bien vivre quand-même !

Frozen Piglet

jeudi 3 septembre 2015

Vamos a la playa

L'image fixe a encore de beaux jours devant-elle semble t-il. Aujourd'hui, Il a suffi d'une petite photo pour mettre en émoi la planète (médiatique) et donc l'humanité toute entière. Selon la terminologie des journalistes, l'image de ce petit garçon syrien de 3 ans, mort noyé et échoué sur cette plage a provoqué un électrochoc international. "La presse anglaise a choisi de publier l'image particulièrement choquante de ce bambin au visage tourné vers le sable, mort noyé après avoir tenté de rejoindre l'Europe" dit le Monde.fr (le bien nommé). En lisant cela, on en vient à se demander si c'est la mort atroce de cet enfant ou bien sa représentation photographique qui est choquante. Car comme toujours, ce qui est est dit et les mots ont un sens. Certains autres médias évoquent aussi "l'image que les européens ne voudraient pas voir". C'est bien connu, le but de la presse dans son ensemble, son objectif premier, c'est de publier des images que personne ne souhaite voir. Outre cela, elle se donne le droit de châtier ceux qui ne souhaitent pas contempler la vérité en face, ceux qui refusent de finir rongés par la culpabilité. Mais quid de ceux qui contemplent épouvantés, en revanche, les tergiversations de nos dirigeants amorphes et l'incapacité chronique de nos élites consanguines ? Oui, décidément l'image fixe a de beaux jours devant elle.

FP

Je suis étonné de ne pas avoir encore lu que les photo-journalistes arpentaient les plages grecques uniquement pour se faire du fric sur le dos des cadavres d'enfants. J'imagine que ce n'est qu'une question de temps.


Pub pour Gucci parue dans Le Monde le même jour que l'article sur la mort de l'enfant. 

La maitresse au milieu

Ça fait déjà bien longtemps que je suis à Paris et que je bosse (encore un peu au ralenti il est vrai), mais la vraie rentrée, la vraie de vraie, c'était lundi. Ben ouais faut bien le temps que les vacanciers atterrissent. Ceux avec les 5 semaines de congés payés et le 13ème mois, l'aristocratie des derniers salariés quoi ... 
La semaine dernière, j'ai pourtant vendu 2 photos pour 400 dollars, par mail, à un site américain. C'est pas mal, vu que beaucoup de magazines US proposent aujourd'hui 200 dollars par jour, tarif standard, tout droits cédés et frais inclus, pour te faire bosser comme un chien. On est plus très loin des travailleurs détachés roumains de l'université d'été du parti socialiste, finalement. Je suis près à parier qu'en 2016, on sera à 150 dollars par jour ... Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c'est toujours l'été que les merdes s'annoncent en plus. Cette année n'a pas failli à la règle. 2 collaborations régulières (12 ans et 6 ans d'ancienneté) me claquent dans les doigts presque sans prévenir et sans aucune perspective de toucher une quelconque indemnité. Ça, ça ne fait ni chaud ni chaud aux gens qui m'ont fait travailler jusqu'à ce que je crève, toutes ces années. J'attends la suite pour voir s'il n'y a pas d'autres trucs qui pourraient arriver. Mais je vais reprendre le turf avec une baisse potentielle de mes revenus de 40%. Bof, je m'en remettrai comme toujours. Heureusement avec la révolution digitale, j'ai des ressources. j'ai parlé un peu vite. Mon disque de Sauvegarde vient de péter. Ya pas à dire, c'est la rentrée !  

Frozen Piglet

lundi 29 juin 2015

License to Kill

J'adore le concept d'Uberisation et encore plus celui d'Uberisation Pop qui donne un petit côté joyeux à la précarité à laquelle vont se colleter tôt ou tard, presque tous les crétins qui encensent ce modèle exemplaire de régression sociale. Comme toujours, ce pur produit de la nouvelle économie connectée prétend offrir un travail 2.0 à la tâche, contre un prélèvement sous forme de pourcentage. 
Une monstruosité impérialiste qui vient des Etats-Unis et qu'on prétend nous imposer ici en France, comme sur un territoire qu'on voudrait coloniser pour enrichir un peu plus ses promoteurs dénués de morale, mais dotés d'une bonne adresse fiscale. Quitte à piétiner bien entendu, les lois de la République. République qui produit pourtant des tonnes de textes réglementaires comme une machine hors de contrôle. Mais Uber, c'est surtout 1 000 emplois créé worldwide pour une armée de 1 million de chauffeurs prestataires de services non salariés.
Bientôt, Mercedes donnera un costard noir Hugo Boss en prime avec ses bagnoles vendues en leasing, c'est sûr ! Le truc c'est que les chauffeurs de taxi ou de VTC, c'est les mêmes mecs, sauf qu'il y en a un qui a un crédit de plus à payer. Mais on s'en fout tellement.
Je ne sais pas si le plus effrayant est de lire les réactions des imbéciles qui pullulent sur les réseaux sociaux, ou de constater la démission des pouvoirs publics et des politiques sur ce désastre économique qui s'annonce. La lecture simpliste du phénomène d'Uberisation qui est la marque déposée des esprits faibles et son instrumentalisation qui est la conséquence d'un pouvoir anémique incapable de réagir masquent pourtant l'essentiel. C'est la mère de toutes les batailles sociales qui s'engage aujourd'hui pour mettre à mort le lien de subordination, le statut de salarié et son cortège de charges sociales, partout. Cette disparition marquera notre société en profondeur et engendrera un changement de paradigme comme aiment dire les intellectuels. Bien entendu, ce qui devait être occasionnel deviendra permanent (comme le statut d'auto-entrepreneur si cher aux jeunes cons) et l'homme nouveau sera un prestataire docile et flexible, taillable et corvéable à merci. Il aura le permis, saura prendre des photos et filmer et pourra même faire le ménage dans son appartement, après le départ des touristes auxquels il sous-loue clandestinement tous les week-ends (comme ma voisine). 
Mais toute cette merde, on l'a vue venir, nous les photographes. On était même en première ligne pour contempler la vague géante qui a déferlé sur notre métier, grâce à des entrepreneurs innovants et modernes. On l'a d'ailleurs dénoncé sous les quolibets de la populace et les jets de canettes. Quand à la précarité, on sait ce que c'est depuis toujours. On connait bien aussi le regard méprisant des gens qui ont le cul visé derrière leur petit bureau jusqu'à la mort (ou jusqu'au chômage). Peut-être même que je suis profilé pour la crise, si ça se trouve ... Mutli-employeurs, multi-secteurs et j'écris même mes articles, ce qui m'évite de me coltiner un rédacteur. En plus je viens de signer pour la troisième fois de ma vie dans une agence photo qui va diffuser mes archives et les sujets que je vais produire. Les 2 précédentes, elles ont disparu. Non pas victimes de la crise, mais des impayés répétés de leurs clients. Un truc qui n'arriverait pas dans la nouvelle économie. C'est sûr. Bon ben ... Bonne chance les gars !

Frozen Piglet

Il faut quand-même reconnaitre un vrai talent aux dirigeants d'Uber.
Celui d'avoir créé une marionnette condamnée à la naissance (Uber Pop) à agiter, pour faire passer une pilule amère Uber tout aussi dévastatrice. Vous savez bien la lune et le doigt. Tout ça quoi ...

Sur Citizenside: "je suis auto-entrepreneur comme chauffeur privé je suis photogaphe amateur je recherche le scoupe (sic) ..."

jeudi 28 mai 2015

Vos papiers !

Ça fait un bail que j'avais pas fait de photos (inutiles) sur un truc où il faut quand-même se faire accréditer. Je suis sur les Champs-Elysées, pour la présentation du "Plan de Sécurité d'été" sur les zones touristiques de paris. Un aréopage d'officiels titulaires de la légion d'honneur, entourés de micros et de caméras, se propulse au milieu d'une foule compacte de touristes. Lesquels n'ont de cesse de brandir leurs smartphones pour filmer et photographier ces gens qui manifestement sont très importants. 
"C'est qui qu'on me demande toutes les 3 mètres ?"
"Ben vous voyez pas ? C'est Rihanna" que je fais ...
Pendant, la conférence de presse, j'apprends que les vols à la tire ont baissé de 24% depuis le début de l'année. Je rigole. Le lendemain, le personnel de la Tour Eiffel est en grève, pour protester contre la présence permanente de 20 à 30 pickpockets dans le Tour. Il faut avoir fait la descente du Trocadéro vers la Tour Eiffel un jour de printemps ... Un vrai safari. Telles des volées de moineaux, des bandes organisées de voleurs s'agglutinent autour des touristes pour les dépouiller en toute quiétude. À la Concorde, les bagues en or se ramassent à la pelle dans les caniveaux à tous les coins de rue. À Montmartre, à Notre-Dame et aux Tuileries, les sourds-muets font signer leurs pétitions en récoltants des fonds pour des drôles d'associations. Je me demande si tous ces gens sont auto-entrepreneurs ? Faudrait pas qu'ils retirent le pain de la bouche des joueurs de bonneteau qui travaillent en bas de chez-moi quand même !

Frozen Piglet

mardi 5 mai 2015

Des fromages qui puent

Partout dans le monde, un certain nombre d'individus touchés par l'esprit sain se sentent investis d'une mission d'intérêt général. À la lumière de leur grandiose et beau projet, nous devrions tous avoir accès à la culture librement, sous l'égide de ces bénévoles détenteurs de la connaissance et disposés à nous l'offrir gracieusement. 
Il y a quelques mois, des sites d'infos ont fait la promotion éhontée d'une opération fromagère pourtant anecdotique, de documentation photographique montée par Wikimédia France et dénommé "Wikicheese". Depuis, on a plus jamais entendu parler de ce projet financé par un appel aux dons. J'en ai déjà parlé ici: Escherichia ColiSeulement moi, contrairement aux rédacteurs minables qui pullulent sur le net, j'ai continué à suivre "l'opération frometon" de Wikitruc (Cette mangeoire pour feignants de la connaissance où l'on trouve ce qu'on vient y chercher: un copié-collé libre d'accès, spécial connard). Premièrement parce que j'aime les fromages et secondement parce que tout ces mecs qui prétendent vouloir le bien de l'humanité me débectent. D'ailleurs ils puent du bec, parce qu'ils parlent trop et ils se retrouvent souvent avec du blanc aux coins de la bouche.
L'idée qui préside à ce truc, c'est de photographier les fromages de France comme sur un mauvais prospectus du Carrefour de Villeneuve-la-Garenne. Ceci pour établir des fiches et permettre aux gens de faire leurs courses chez leur fromager, qui lui est incapable de renseigner ses clients, puisque qu'il ne consulte pas Wikimédia. Ben ouais ! T'es con ou quoi ? Alors cette campagne qui vise à produire des images moins bien que les professionnels, mais à utilisation totalement gratuite, est financée par une collecte de crowdfunding close depuis le 1er janvier 2015, (KissKiss BankBank, 8% de commission), pour une somme de 7345 euros (soit l'équivalent de 470 kilos de Comté vieux AOC). Parmi les contributeurs, on remarque la présence du CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière), le lobby du lait pour 1 300 euros. 
Le pognon, parlons-en justement. En fait de gratuit, avec l'abattement fiscal de 66% sur les dons aux associations, cette opération va coûter cher à la collectivité. Heureusement, la République qui est bonne fille se rattrapera sur la TVA sur les fromages achetés, sur le matériel photo et les ouvrages luxueusement illustrés par des photographes professionnels. Ouvrages, achetés pour l'occasion, pour collecter toutes les informations qui se retrouveront sur Wikitruc. Merde alors ! ... Moi qui pensait que les bénévoles savaient tout déjà ... Ben non, c'est dans les livres qu'ils vont chercher leurs infos. Ben merde. Bon, mais le plus important. Où en sommes-nous aujourd'hui de cette magnifique opération totalement désintéressée, 4 mois après le bouclage du financement de 7345 euros ? Simple. 38 photos en ligne toutes identiques: Ici . Soit 2 heures de boulot et encore je suis gentil. Ah oui, mais elles sont gratuites et quand on aime le gratuit, on ne compte pas !

Frozen Piglet

Faut se faire à l'évidence, les gars. Partout la connerie gagne des parts de marché.




  







jeudi 9 avril 2015

Ennemi intime

Depuis le temps que le numérique existe, on peut très bien se passer des services d'un professionnel de l'image. Bien sûr ! Tout le monde le sait et ne se prive pas de le répéter ! C'est donc que cela doit être vrai ... Vox Populi et le bon sens réunis ne sauraient mentir ! Bon évidemment, l'ennui c'est que quand on ne sait pas se servir d'un appareil photo, numérique ou pas, on produit des trucs nuls, justes bons à finir écrasées dans un formatage bas niveau (à condition de s'y retrouver dans le menu de cet appareil de naze et de ce laptop de merde). Après ? Ben après entre 2 ratages, on a toujours le loisir de s'adresser à un mec comme-moi. Un prof ... Heu ! Un mec qui prend des photos mais mieux. Ceci à une condition, celle de ne rien payer. Ben ouais puisque tout le monde peut le faire. T'es con ou quoi ?

        "Bonjour monsieur,
lors de votre venu sur le XXXXXXXXXXXXX dans le cadre de la visite du XXXX du XXXXXXXXXXXX avec le journaliste XXXXXXXX vous avez pris une série de photos.
M. XXXX nous a transmis le projet d’article ainsi que des photos en version ‘’.pdf’’ (mais en tout petit format) ; aussi étant fortement intéressé pour avoir ces photos en qualité supérieure je me retourne vers vous pour savoir dans quelle mesure il était possible de récupérer ces dernières. Nous avons en effet peu de photos de XXXXXXX d’un tel professionnalisme".

Récupérer: Rentrer en possession de ce qui a été prêté, perdu etc. : Récupérer de la ferraille, Récupérer du matériel sur l'ennemi (Larousse)
Ma réponse: Cher monsieur, je suis ravi d'entendre que mon reportage vous plait. Vous pourrez tout à fait en disposer à votre guise, contre la modique somme de XXXXXXXX euros (je suis sympa, je ne parle même pas des droits et l'entreprise en question réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros, presque autant que moi). 
FP


"Bonjour,
bien lu votre réponse.
Nous vous avouerons être relativement surpris de cette réponse. En effet nous ne nous attendions pas recevoir un devis (de cet ordre) en retour.
Vous comprendrez ainsi que nous ne pourrons pas donner de suite favorable en l’état actuel de votre proposition tarifaire. Nous regrettons fortement cela ; le XXXXXXXXX trouvait la série de photos intéressantes.
Cordialement"
Juste derrière et bien entendu, ton interlocuteur déçu, n'écoutant que son courage, appelle ton rédacteur-en-chef dans ton dos, pour te casser. Elle est pas belle la vie ? Hein petit bijou ! Alors ? Tu veux toujours être photographe pauvre con ?

Frozen Piglet


vendredi 3 avril 2015

Studio


Estudio fotográfico criativo
Fotógrafo com tempo livre no estúdio que tal fazer um destes?Olha só o que estes canadenses da 2D House fizeram. INCRÍVEL!(aviso que tem uma parte com um martelo e uma objetiva...Doi o coração.)Clique no Botão HD para ver com melhor resoluçãoDa um curti no trabalho dos caras la! >>>> FB.com/2dhouseE se quiserem ver mais Rubes deles, tem mais aqui no canal deles no Youtube>>> http://goo.gl/rRSxLnCurta nossa fã page>>> fb.com/Reinvent.Diagramacao
Posted by Reinvent - Diagramação e Edição de imagens on samedi 7 février 2015
Encore des mecs qui n'ont plus de boulot et qui passent le temps à se faire chier. Et voilà le résultat. Si ça marche pas, cliquez sur le F de Facebook en bas à droite

FP

mardi 24 mars 2015

Eyetrack


Merci à l'excellent site "À l'Oeil - Journalisme et Photographie par Michel Puech" qui attire notre attention sur cette intéressante étude américaine (Université du Minnesota) à travers l'article du site "Le devoir". Qu'est-ce qui fait qu'une photo est bonne pour la publication ?
En résumé, mettez dans un même cadre d'observation des "photos d'information" produites par des non-professionnels de la photographie, face au travail de professionnels et exposez-les au regard du public, et vous verrez les premières se faire laminer et disparaitre sans laisser aucune trace (toutes les photos ont été choisies au hasard, mais toutes avaient été publiées par des organes d'information). Toutes les photos sans aucune exception, citées comme les plus remarquables étaient le résultat du travail de professionnels (et côté photojournalisme, les amerloques sont plutôt bons).
Alors comment expliquer ce lobbying permanent auquel se livrent tout un tas de gens en invoquant d'excellentes raisons pour toujours nier notre travail et essayer de détruire notre profession ? Oui, comment expliquer cette course vers toujours plus de médiocrité et toujours moins de professionnalisme ? Ici comme ailleurs, mais c'est l'argent mon ami ! Le pognon qui est le noeud de toutes les batailles d'aujourd'hui et rien d'autre. Le flouze et sa meilleure alliée, la connerie.

En dessous, le tableau de l'évolution des métiers de la presse par effectifs et par spécialités aux USA. On constate que les photojournalistes ne sont pas mieux traités outre-atlantique qu'en France, où rappelons-le, il ne reste plus que 800 titulaires de la carte de presse pour 36 300 journalistes au total (soit 2% environ). Bien entendu, ce chiffre ne reflète pas la vraie situation puisque de nombreux photographes ont perdu leur carte en sortant des critères d'attribution (baisse de revenus, paiement en droits d'auteurs, changement de statut, licenciement, concurrence déloyale etc ...). Mais pour autant, ils ne cessent pas forcément leur activité.

Frozen Piglet

vendredi 20 mars 2015

La passion de détruire


Nous avons eu droit ces dernières semaines à une avalanche de sujets stéréotypés sur le désormais fameux "juteux filon des photos amateurs" (avec des exemples pas très convaincants d'ailleurs). Ce problème, j'en ai déjà parlé ici: Nouvel Eldorado et bien avant, dés 2011 ici: L'Or des Fous. Au delà du travail pitoyable produit par des journalistes assez stupides pour reprendre des idées de sujets en parcourant la presse écrite (Grazia, Le Point , Le Figaro etc ...), je m'interroge sur les réactions récurrentes suscitées en réponses à certains articles, comme celui assez factuel qui figure sur Le Monde.fr à la rubrique Médias: "Un reportage de France2 déclenche la colère parmi les photographes". Evidemment, quand on produit du flux formaté pour des débiles, il faut s'attendre à lire leurs commentaires éhontés. J'en ai sélectionné quelques-uns qui une fois de plus montre combien notre profession est la cible de connards frustrés qui semblent habités par la passion de détruire. Ces déclarations véhémentes me semblent indicatives des attaques systématiques et récurrentes contre le métier de photographe professionnel aujourd'hui.

Gérard B.
"Encore un monopole (il parle de la photo et des professionnels. FP). Avec un syndicat de copains cooptés (un syndicat qui n'existe que dans son imagination. Il n'y a aucun syndicat de photographes. Tout au plus des associations. FP). Comme le dit Nawak, il est possible de publier ses photos sans demander de contrepartie tout en le protégeant contre la copie frauduleuse. Si certains font des cadeaux en nature en remerciement, rien ne l'interdit, nous croulons sous des jeux, des abonnements de revue avec pendulette, etc. Sauf que les photographes professionnels, c'est comme les psychologues, il y en beaucoup trop et la plupart sont médiocres".

Nokhu Crags
"Il est temps de reconnaitre que la photographie ne requiert plus les talents et techniques d'Ansel Adams, Robert Capa ou Henri Cartier-Bresson. Toutes les professions, pilote de ligne, photographe ou maréchal-ferrand ne peuvent pas espérer que leurs univers resteront toujours les mêmes". "Il faut continuer à être soumis à une lutte rigoureuse pour ne pas tomber dans un état d'indolence" (Darwin).

L
"Un bon photographe, c'est simplement quelqu'un qui prend une photo au bon moment. A partir de là, nombreuses sont les personnes qui peuvent s'improviser photographes. Les retouches sur logiciel font le reste".

nawak
Sauf que c'est parfaitement légal, et encore heureux : on a encore le droit de publier ce qu'on fait sous la licence qu'on veut, que ce soit des photos, du texte, des programmes, etc. Que je sache, le logiciel libre ne constitue pas une menace sérieuse pour les alternatives commerciales, pour la simple raison qu'elles proposent des produits de bonne qualité. C'est aux photographes de montrer qu'ils font mieux que les amateurs.

Jean-Baptiste C
Ben oui, la photographie vit la révolution de l'écriture il y a 3000 ans. Fini les scribes égyptiens, détenteurs du pouvoir, bienvenu à tout un chacun, capable de mémoriser 21 signes. En même temps, chacun a le droit de vivre de ce qu'il sait faire. Beaucoup de choses à repenser, vite! car les islamistes et les fascistes (faut il les distinguer) attendent les mécontents pour les consoler.

Jules
Ces photographes enfermés dans leur logique économique du XX siècle finiront comme les conducteurs de charrettes à chevaux il y a un siècle.

Victor

Choisir comme métier une activité qui est aussi un hobby, c'est prendre un risque qu'il faut assumer. Choisir d'exercer une activité souvent agréable et enrichissante comme la photo, c'est prendre le risque de se confronter à la concurrence d'amateurs. Quels musiciens professionnels se plagieraient (se plagieraient ? T'es sûr. FP) de la concurrence des amateurs ? Si les professionnels ne veulent pas de concurrence amateur, qu'ils aillent travailler en usine, car là, personne ne fait ça gratuitement.

Pierre M.
Et alors ? C'est normal que les photographes se fassent court-circuiter par internet, c'est ce que permet la technologie. Rien de bien étonnant ...



Curieusement, chez ces petits péteux arrogants, le travail de photographe est toujours comparé à des métiers prospères jadis, durant l'antiquité. Identifié comme tel, il est condamné à disparaitre pour cause d'inutilité sociale, en suivant la même trajectoire funeste. Si la plupart des intervenants n'ont souvent comme seule référence que les photographes de mariages (dont on n'est pas très sûr d'ailleurs qu'ils soient des professionnels d'ailleurs) et qu'ils seraient bien incapables de donner un seul nom, vue la pauvreté de leurs références culturelles, certains arrivent néanmoins à citer quelques photographes célèbres: Cartier-Bresson, Ansel Adams ou Capa. Un bel effort, mais c'est pour aussitôt ajouter que la photographie numérique aujourd'hui, permet de s'affranchir de la technique et même de talent tout court. Prenez la photo et le logiciel de retouche fera le reste. C'est leur credo. Il ne faut toutefois pas oublier le principal: Les professionnels sont mauvais (ou médiocres) pour la plupart et c'est à eux de montrer qu'ils font mieux que les amateurs (qui réussissent de belles photos au mariage de ma belle-soeur). On termine par le "court-circuit Internet" qui laisse entendre que les photographes professionnels sont dépassés par la technologie. C'est la dernière pelletée de terre pour achever de les ensevelir dans oubliettes de l'histoire ...

Mais quel ramassis de conneries. La photo n'a jamais été aussi technique et le besoin en photos professionnelles n'a jamais été aussi présent. Simplement l'intoxication fait des ravages et les gens finissent par croire ce qu'ils lisent (c'est écrit donc c'est vrai). Mais quand ils sont confrontés au travail d'un mec comme-moi (une épée, un cador, moi je suis objectif, on parlera encore de moi dans 100 ans), alors là ils redescendent. C'est pas pour me faire mousser, mais ils se mettent à halluciner les mecs et pourtant c'est les mêmes qui laissent des commentaires pourris sur internet et qui veulent s'acheter un drone pour Noël. 
"Aussi étant fortement intéressé pour avoir ces photos en qualité supérieure je me retourne vers vous pour savoir dans quelle mesure il était possible de récupérer ces dernières. Nous avons en effet peu de photos de xxxxxxx d’un tel professionnalisme".
          (ce mail, je l'ai reçu hier)

C'est pour ça que je vais lui dire à ce mec que c'est  2 000 euros. Tu sais pourquoi ? Parce que même si je lui dit 300, j'aurai jamais de nouvelles de lui et je ne veux pas dévaloriser mon travail, juste pour faire plaisir à un type qui vient de découvrir que les professionnels de la photo existent (En plus, je suis pas dupe qu'il essaie de faire de la raflette).Tous ces mecs, je les emmerde, je leur pisse à la raie. Qu'ils crèvent.

Frozen Piglet 



mercredi 18 mars 2015

©Capture d'écran ...

Décidément, la vie se complique et la confusion règne. Rendez-vous compte, on parle d'interdire les "perches à Selfie" dans les musées un peu partout, au motif qu'elles dérangeraient les visiteurs venus admirer les oeuvres exposées, à défaut de leur crever un oeil (ils n'ont qu'à piloter des drones et voler plus haut). Sinon, on refuse de décerner la carte de presse à des personnes extrêmement méritantes, dont on ne sait plus très bien si elles sont productrices, intermittentes ou journalistes (à moins que ce soit les 3 à la fois ... c'est pratique, ça permet de toucher l'assurance chômage pendant les vacances). Des vraies atteintes à la démocratie !
Pire, on prétend empêcher des personnes éprises de liberté, désintéressées et disposant de beaucoup de temps libre (elles doivent être au 35h, pas comme-nous), de pratiquer leur passion la photographie, en distribuant le fruit de leur "non-travail" à qui bon leur semble. Fort heureusement et comme toujours, André Gunthert le chantre de la photo connectée, le compagnon de route des progressistes qui s'opposent à l'immobilisme et aux rentes de situation, l'ennemi déclaré de la "société marchande", est là pour nous éclairer de sa science et remettre du signifiant dans tout cela: "On peut être photojournaliste et n’avoir rien compris à ce qui arrive au photojournalisme. Comme Pascale Clarck râle contre les syndicats au lieu d'incriminer son employeur, Philippe Sterc tape sur les amateurs au lieu de s'en prendre à ceux qui publient leurs photos…" André Gunthert (de l'Écoles des Hautes Études en Sciences Sociales - EHESS)

Alors pour commencer, je tombe des nues. J'ai la carte de presse depuis plus de 20 ans et je ne savais pas que c'était les syndicats qui me l'octoyaient dis-donc ! André Gunthert me l'apprend et pourtant, je suis journaliste (donc à priori je sais tout, comme Pascale Clarck). De là à dire qu'il faut être syndiqué pour obtenir la carte de presse, il n'y a qu'un pas ... Ben alors c'est où qu'on signe ? Mais dans le cas où je ne l'aurai pas en 2015 cette putain de carte, grâce à André Gunthert, je saurai désormais qui incriminer: mon employeur (si j'ai bien compris) en premier et les syndicats (à tout hasard) qui s'acharnent à détruire la France comme chacun sait. Après avoir réglé son compte à la commission d'attribution de la carte de presse une bonne fois pour toute, André Gunthert nous fait part des problèmes de compréhension des photojournalistes, les pauvres, vis-à-vis du monde qui les entoure. À l'appui de sa thèse, il partage sur sa page Facebook l'intervention d'un photographe de presse: Philippe Sterc, qui adresse une "lettre ouverte" très vilaine à la communauté de contributeurs de "Citizenside" qu'il côtoie chaque jour à son grand dam. Philippe Sterc les accuse pêle-mêle de pratiquer le travail dissimulé, de manquer de courage, d'être des petites crottes et des salariés de chez Orange et de pratiquer l'onanisme (ça je suis pas sûr, j'ai pas lu jusqu'au bout). On sent le mec très énervé.

"Lettre ouverte à vous les "collaborateurs" de Citizenside, les témoins de BFMtv et autres amateurs du dimanche ....
Aujourd'hui, à la manif des médecins vous étiez au moins 7 ... à vous photographier entre vous, à vous placer, à vous déplacer, à nous pourrir le métier ...
Faire des photos c'est un droit, tout le monde y a droit, pourquoi pas vous .... mais gardez vos photos pour vos blogs, pour vos myspace, pour vos amis ... vous les distribuez quasi gratuitement à l'AFP ... cette "grande agence de presse" qui n'est plus que l'ombre de ce qu'elle devrait être en tant que service public de l'information.
Vous rendez vous compte que vous faites du travail dissimulé ? Vous rendez vous compte que la profession de photojournaliste est un vrai métier ? Il faut savoir, analyser, comprendre et produire. Ce qui permet, en compensation de ce travail d'être rémunéré. Vous êtes a priori là "par hasard" selon votre organe distributeur, par hasard dans la cour de l'Elysée, par hasard sur tel ou tel événement, par hasard dans la salle des 4 colonnes de l'Assemblée Nationale ... vous gagnez a priori votre vie chez Orange, chez machin ou untel en tant que salarié rémunéré en CDI ou autre ... nous on est pigistes. on bosse, on est pas sur d'être payés en depit du travail fourni et on se fait fourrer par des petits amateurs qui profitent de la lâcheté de la presse francaise pour se faire plaisir le week end et le soir en faisant des photos de merde mais gratuites ... (lire la suite ici)"

Qu'un type s'insurge contre le fait que des mecs pratiquant un tout autre métier que lui, sans aucun rapport avec le journalisme, disposent d'une lettre d'accréditation leur donnant accès à des lieux officiels et réservés dans le cadre d'un travail dissimulé, ça le dépasse André Gunthert. Qu'un photographe dénonce le fait que l'AFP ouvre son circuit de distribution à des pratiques déloyales y compris contre ses propres photographes, ça ne le défrise pas l'ombre d'un instant le Dédé. Qu'un photojournaliste pointe la lâcheté de la presse française et son inconséquence et André Gunthert l'accuse immédiatement et contre toute évidence de "taper sur les amateurs" au lieu de "taper sur les diffuseurs" qui seraient les vrais délinquants. Je vais vous dire un truc. Vivement qu'on soit tous chez Citizen Side et chez UBER (le reste du temps) et ce jour-là, on vivra dans un monde parfait informé par l'AFP. Pas vrai M. Gunthert ?

Frozen Piglet

On peut ne plus être photojournaliste ou l'être encore, ou ne l'avoir jamais été et parfaitement comprendre ce qui arrive au photojournalisme. De la même manière, nul besoin d'être inspecteur du travail ou magistrat pour reconnaitre un cas de travail dissimulé. Ce qui en France est un délit. Comment peut-on être "par hasard" sur un évènement avec une lettre d'accréditation en poche pour ce même évènement ? Alors André ? On sèche ?


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